Dans les rétroviseurs il y a
Ton regard
Il vient à ma rencontre
Il sait se faire doux
Comme pour se faire pardonner de m’avoir un jour quitté par un matin d’avril riche d’un soleil généreux.

Dans les rétroviseurs il y a ton sourire qui est là…
Inquiet, insistant, plein de ce charme diffus du temps révolu.
Dans les rétroviseurs, il y a tes yeux, tes cils, qui battent à nouveau le rythme de ma vie.
Dans les rétroviseurs il y a ton corps
Il s’étend sur toute la largeur du miroir et cette image me pénètre comme l’eau dans la bouche de l’assoiffé.
Le blanc de ta peau et du tissu a le grain déchirant des films muets.
Dans les rétroviseurs il y a notre première rencontre, mais aussi la dernière, avant-hier, quand – toute fraîche d’un bain parfumé – en jetant ton visage au plafond, tu m’as dit que tu partais.
Dans les rétroviseurs il y a ce florilège grisant de tes expressions. Elles se figent insensiblement, libérant la nostalgie du temps qui fuit sur la route quand il se fait tard.
Ma tête s’emplit des scènes saugrenues que nous avons vécues…
Dans les rétroviseurs il y a la joie, cette joie frêle et grave de nos ébats. Il y a tes larmes – espoir/regret – et les miennes qui ne veulent pas couler…
Mais sur la route il y a, il y a des arbres, des parapets, des murs et l’écho du silence qui doit succéder à ta voix.

©Crocus Safran