** EURYDICE 2017 **
Dans le Paris de l’après-guerre
Dans le Paris des frères Prévert
J’avais grandi sur le pavé
A la va comme je te pousse
J’étais du genre gringalet
Habile à se faufiler
Dans ces établissements
Interdits strictement
Aux moins de 21 ans
Des endroits louches
Sur un piano blanc
Des doigts pleins d’diamants
Égrenaient les touches
Sur un rythme lent
Presque hypnotisant
Un « goutte à goutte »
Étirant son gant
Insensiblement
Une « peu farouche »
Dévoilait le blanc
Laiteux envoûtant
De sa peau de rousse
Mon amoureuse
Des jours anciens
Nos nuits brillaient heureuses
Du soir jusqu’au matin
Ma strip-teaseuse
Du temps jadis
Je n’ fus pas ton Orphée
Tu fus mon Eurydice
Tapis fièrement
Avide, impatient
Que le rideau bouge
Pour voir éclatant
Le corps ondulant
De ma « peu farouche »
Subjuguer l’ manant
A distance seulement
Pas question qu’il touche
Même du bout des gants
Et d’ ses boniments
A ma tendre rousse
Mon amoureuse
Des jours lointains
Nos nuits brillaient heureuses
Du soir jusqu’au matin
Ma strip-teaseuse
Du temps jadis
Je n’ fus pas ton Orphée
Tu fus mon Eurydice.
Un soir de printemps,
Un bruit sec cinglant
Figea le bouge
Sur le plastron blanc
Du pianiste-diamants
Voilà qu’une tache pousse
Une tache rouge sang
C’est un règlement
A terre, on se couche
Sauf ma « peu farouche »
Qu’une balle touche
En plein palpitant
Ma strip-teaseuse
Des jours anciens
Nos nuits brillaient heureuses
Du soir jusqu’au matin
Mon amoureuse
Du temps jadis
Je n’ fus pas ton Orphée
Tu restes mon Eurydice
En te regardant
T’ai-je laissée errant
Au cœur des ténèbres ?
Ce questionnement
Au fil des ans, rend
Ma chanson funèbre
© Crocus Safran