Histoire douce, de langouste
Histoire noire, de homard

La pieuvre tentaculaire
Me cherche des misères
Tout au fond de l’aquarium
Errare humanum

Histoire grise, de méprise
La nuit tous les chats me grisent
De leurs miaulements félins
Jusqu’aux lueurs du matin

La lune trempe son croissant
Dans mon café noir de sang
Et le coq, d’humeur guerrière,
Sur ses ergots vocifère
Une marche militaire,
Qui, qui ?
Qui donc le fera taire ?

Histoire blanche, de mésange,
Histoire rare, de cafard.

Un train de fourmi entière
Achemine à ras de terre
Grains de pavot fleur d’opium
Ah le joli métronome

Histoire feinte, en demi-teinte
Ma tante aujourd’hui défunte
Rendait tout moins ennuyeux
Aux jours d’un juillet pluvieux

Un carré de voie lactée
Emplit mon bol de café
La radio soudain éructe
Pis que l’éléphant adulte
Une marche militaire,
Qui, qui ?
Qui donc la fera taire

Histoire rauque du grand fauve
Que le soleil indispose
Histoire borgne qui de plus lorgne
Sur l’histoire de mon voisin.
Histoire folle qui caracole
Par les monts et par les cols
Des facettes du destin...

Histoire abracadabrante
Ce sont celles qui m’enchantent
Depuis ma plus tendre enfance...

Histoire verte, souris dans l’herbe
Histoire rouge, quand rien ne bouge

Le hérisson en colère
Me présente son derrière
A moins qu’ça soit son rectum
J’ai appris ça aux écoles.

Histoire sotte qui grelotte
Car dès le matin la flotte
A rétréci l’horizon
Aux quatre murs de cette chanson

Où sont menthe et grenadine
Renardeau et Zibeline
Qui te l’a contée l’histoire
Du lit où on dort ce soir
Ce lion ondulant crinière
Mugissait à sa manière
Une marche militaire
Qui, qui ?
Qui donc le fera taire
Qui, qui ?
Maman Elle seule,
Savait le faire taire !

© Crocus Safran